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Utiliser Reaper pour la création multiphonique avec les SpatStruments

Configuration des pistes et utilisations
Quelques particularités de Reaper en font un logiciel spécialement précieux pour le multicanal :
 les pistes ne sont pas spécialisées : elles peuvent être tour à tour et à la fois audio, MIDI, Instruments, Aux, Vidéo...
 elles peuvent comporter un nombre quelconque de canaux jusqu’à 128 (!), cette valeur peut être changée à tout moment et elle ne contraint ni le format des plugins qu’on peut insérer ni des fichiers que l’on peut lire et enregistrer
 un routage multicanal est réalisé automatiquement entre les pistes et le Master
 les pistes peuvent être librement définies en tant que "Parent" (ou Folder) ou "Enfant", sur de multiples niveaux, les sorties des enfants étant par défaut envoyées vers les parents
 il est possible de connecter n’importe quel canal/canaux d’une piste vers n’importe quel canal/canaux d’une autre piste
 les objets audio (sons) supportent directement les plugins multicanaux (et leurs automations)
 il est possible d’enregistrer la sortie multicanale d’une piste sur elle même sous la forme d’un fichier audio multicanal

Il n’y a donc généralement pas de configuration spéciale à effectuer, pas de routage des sons ou des automations, pas besoin de "Sends" et "d’Aux" : il suffit de sélectionner pour chaque piste le nombre de canaux nécessaire pour que les fichiers et les plugins qui y sont placés puissent faire entendre leur espace...
Il est même possible placer les plugins directement sur les objets sonores (rien à voir avec l’Object Based Audio...) et d’effectuer tout le travail sur les sons et sur l’espace comme montré dans la vidéo "Acousmodules + Reaper, travailler avec des objets sonores"

Avec les SpatStruments il est conseillé de régler la valeur des canaux de pistes sur "32", car même si le format spatial en comporte moins, cela peut être utile ultérieurement (voir "Générer des matières spatiales").


1. La spatialisation de points-sources
La création sono-spatiale est le plus souvent présentée comme le placement de sons dans l’espace, c’est à dire d’une part des sons mono ou stéréo créés et travaillés dans leur matière, et d’autre part un outil de spatialisation - un "panner" - qui a pour tâche de les disposer et d’en animer les positions, en fonction d’un espace qui peut être représenté par des points ("channel based"), par un champ sphérique ("scene based") ou par des coordonnées paramétriques ("object based").
Cette approche constitue évidemment un aspect important dans une création sono-spatiale, et elle est parfaitement adaptée au mixage spatialisé et à la sonorisation en concert.
Elle indispensable en OBA/Atmos car elle constitue la seule manière de permettre la transmission de sons individuels en association avec des informations de spatialisation.

La série des SpatStrument ne comporte pas de panner (et les Acousmodules pas beaucoup), car leur propos est justement de ne pas dissocier le traitement du son de celui de l’espace. Il peuvent bien-sûr utiliser des représentations graphiques qui s’en rapprochent, et permettre d’obtenir les mêmes résultats, mais d’une manière plus holistique, comme un moyen parmi d’autres de traiter la masse spatiale.
Le SpatStrument SM24 peut être tout de même utilisé ainsi en mode Live Input (voir la vidéo "Live Input spatialization"), tout comme le SpatStrument AL24 pour des animations avancées, et le SpatStrument C24 pour des sources multiphoniques pouvant comporter jusqu’à 24 canaux.

Cependant il pourra être plus simple d’utiliser les outils intégrés dans le DAW, dans le cas de Reaper le ReaSurround et le ReaSurrounPan. Le ReaSurroundPan est plus efficace pour les formats cinéma, mais moins souple voir totalement incompétent pour des dispositions plus originales, y compris les dômes.
Pour les deux, la disposition graphique des points haut-parlants n’est pas figée et peut être éditée librement. Comme beaucoup de choses dans Reaper il ne sont pas très sexy, mais ils sont parmi les plus puissants qui existent... Et comme il s’agit de plugins, ils peuvent être placés à n’importe quel endroit d’une chaîne d’effets et pas seulement à la fin, ce qui apporte des manières très créatives de les utiliser.

Dans tous les cas le principe de base est le même : disposer, à la souris ou à l’aide d’un contrôleur externe, un point qui représente le son mono ou un point faisant parttie d’un groupe de points à la position visuelle désirée.
L’effet spatial pourra être par contre assez différent selon que le point source coïncide plus ou moins avec un point haut-parlant, selon la taille du point (la plupart des panners permettent de régler son étendue ou Spread), la technique de panner utilisée (VBAP, DBAP, DBAC etc.), et évidemment le nombre de canaux disponibles.

Tout en restant dans ce principe de l’envoi dirigé d’une source dans un espace, on peut également utiliser une technique qui est encore massivement utilisée aujourd’hui pour la spatialisation stéréophonique sur acousmonium : on contrôle le niveau d’envoi de la source vers les points de diffusion à l’aide d’une série de potentiomètres. Il est toujours possible de mettre en place ce genre de configuration dans tous les DAWs en utilisant de multiples envois auxiliaires sur chaque piste.
C’est beaucoup moins ergonomique qu’un panner si l’on souhaite simplement placer ou étendre cette source sur ou autour d’un point de l’espace, mais cela permet de réaliser absolument toute forme de masse spatiale, y compris celles que produisent nos panners.
Le SpatStrument C24 dispose d’un mode "Faders" qui permet ainsi d’envoyer chaque canal de la source vers jusqu’à quatre points de l’espace, chacun avec un gain différent, de quoi modeler l’espace des sons avec subtilité... à défaut de rapidité.


2. Les connexions directes
Mais il existe une autre manière de placer des points sonores dans un espace haut-parlant sans passer par un panner.
Cette approche par connexion directe est certes une méthode ancienne et limitée - on ne peut pas placer de son "entre" les points et on ne peut pas les animer - mais elle est tout à fait appropriée dans de nombreux cas.

Dans Reaper cela peut se faire simplement en sélectionnant le canal d’une piste source et le canal de destination de la piste de niveau supérieur. Attention, comme Reaper ne dispose pas de pistes mono, il peut être nécessaire de réglager le panoramique complètement à gauche.

Le changement de fonction d’une piste vers un niveau "enfant" s’effectue à l’aide d’un bouton qui peut prendre des formes différentes selon le thème utilisé, comme une petite croix ou l’image d’un petit dossier : l’entête de la piste se décale alors vers la droite.

C’est cette méthode qui va être utilisée pour envoyer une série de pistes mono (ou stéréo) vers les multiples canaux d’entrée du SpatStrument VB32, du FX24/32 ou du AL24 (voir plus bas).


3. Générer des sons-espaces
Une approche différente pour la création sono-spatiale, complémentaire de celle permise par les panners, consiste à générer ou à traiter la matière des sons conjointement avec leur espace : au lieu de prendre un son (mono/stéréo) et de le spatialiser, on le crée directement dans un format multicanal compatible avec celui de l’espace de la création. Qu’il s’agisse d’une quadriphonie, d’un cercle octo, d’un "11.1.8" ou d’une spirale arboricole (?) le son sera l’espace, et réciproquement.
La différence entre les deux modes peut rappeler celle qui existe en Dolby Atmos entre le "bed" et les "objets", à part qu’ici toutes les tailles et les formats sont possibles pour les uns comme pour les autres.

Ceci nécessite des effets ou des instruments qui, bien que basés sur les mêmes techniques que les effets et les instruments stéréophoniques, permettent de spatialiser le son à un niveau plus élémentaire et à lier le son et l’espace d’une manière interactive, par une intentionnalité et éventuellement une gestuelle commune.
C’est ce pour quoi sont conçus les SpatStruments...

Leur mode d’utilisation normal est l’improvisation de type instrumentale, qui peut d’ailleurs s’effectuer dans le cadre d’une production "live", mais qui est aussi tout à fait appropriée pour le "sound design".
Qu’il s’agisse alors d’un générateur de sons basé sur l’échantillonnage ou la synthèse (PL32, SM24, GR24, AL24) ou d’un transformateur de son-espace (FX24/32, FZ24, C24, VB32, AL24), il n’est pas question ici d’enregistrer simplement l’automation des positions spatiales comme avec un panner. Il faut pouvoir enregistrer le son qu’ils produisent, d’où la quasi nécessité que l’hôte supporte les sons multicanaux et pas seulement la synchronisation de multiples fichiers mono/stéréo.

C’est là où Reaper possède un net avantage sur les autres multipistes : on peut enregistrer ce que produit un plugin placé sur une piste, ou même sur un objet audio comme présenté dans la vidéo ci-dessus, sous la forme d’un nouveau fichier multicanal sans avoir besoin de créer des pistes spéciales ni d’effectuer le moindre routage.
 sur la piste sélectionner l’option "record : output (multichannel)"
 si le plugin doit répondre à des contrôleurs MIDI sélectionner la source MIDI en entrée de piste
 si le plugin doit traiter des sons qui sont lus sur la piste activer "Monitor track media when recording", et dans ce cas activer également le mode "Free item positionning" afin de permettre l’affichage simultané du son enregistré

Ceci peut produire quelque-chose comme ça, avec le SpatStrument GR24 (générateur) :

ou avec le SpatStrument FX24/32 (transformateur), ici accompagné d’un son mono utilisé pour son entrée :

Dans les deux cas on peut voir sur la piste le résultat de l’enregistrement de la sortie du plugin sous la forme d’un fichier multicanal. Dans le deuxième cas celui-ci est superposé avec le fichier source à l’origine du traitement.

La composition se fait ensuite, comme en stéréophonie, simplement par montage/mixage des sons multiphoniques, sur lesquels on peut bien-sûr appliquer des effets, eux aussi multiphoniques.

L’espace des objets sonores que l’on produit est a-priori du même format que celui qui a été choisi pour effectuer le mixage, mais on peut également combiner des sons de formats différents, ou même qui n’ont pas de format du tout...


4. Générer des matières spatiales
Certains SpatStruments disposent d’un mode "Direct" qui permet de court-circuiter la partie de traitement spatial. Ils produisent alors un son constitué d’une multitude de "points", de canaux, qui représentent la matière de l’espace sans pour autant présumer de sa forme.
Il est bien-sûr possible que ces 32 canaux correspondent à un format spatial sur 32 points, mais dans le cas des SpatStruments l’idée est plutôt de fournir un format intermédiaire permettant de relier ainsi plusieurs d’entre-eux et de déporter le traitement spatial sur un plugin disposant de fonctionnalités différentes, comme par exemple les effets du FX2/32 ou la binauralisation dynamique du VB32.
Comme dans la plupart de ces outils, ces "points" ne constituent pas pour autant des "points spatiaux", même s’ils peuvent, pourquoi pas, coïncider parfois avec. Il faut plutôt les considérer comme des grains de matière spatiale, comme une manière de définir des "quantums" d’espace porteurs de l’information de la matière du son et qui ne formeront le son que lorsqu’il se matérialisera dans l’air grâce aux haut-parleurs...

Il est à noter que certains hôtes ne supportent pas les plugins présentant 32 canaux, notamment Nuendo et Studio One. Des version spéciales limitées à 24 canaux de certains SpatStruments sont donc disponibles pour ces logiciels.

On trouve cette option Directe dans les plugins :
 PL32 : sorties directes des 25 players mono et distribution des sorties des 9 players multiphoniques
 GR24 : grains individuels pour le Vaporizer, fragments du Crumblizer en mode "Straight"
 FX24/32 : entrée sélectionnable de 1 à 32 canaux + sortie directe des 32 lignes de traitement
 AL24 : entrée sélectionnable de 1 à 32 canaux
 VB32 : 32 canaux d’entrée fixes
 C24 : jusqu’à 64 sorties en mode Fader

Ici un SpatStrument PL32 et un GR24 envoient tous deux leurs 32 sorties directes vers la piste parente où le SpatStrument FX24/32 traite ces canaux et en réalise la spatialisation sur 16 sorties.

Pour résumer, on pourra donc combiner dans un même projet, selon les besoins et quel que soit le format spatial et le nombre de canaux qu’il comporte (c’est aussi valable pour une quadriphonie ou même en stéréophonie !) :
 des fichiers mono/stéréo suivis d’un plugin de type panner (lui même éventuellement suivi de plugins d’effets multicanaux, mais ceci est une autre histoire...)
 des fichiers mono/stéréo directement routés vers des canaux du Master ou d’une piste parente d’ordre supérieur
- des fichiers multicanaux résultant de l’enregistrement du jeu avec un SpatStrument selon le format spatial choisi pour le mixage
 des fichiers multicanaux réalisés selon d’autres configurations spatiales, associés à un SpatStrument C24 pour leur adaptation dans le format du mixage
 des fichiers 32 canaux (ou moins) obtenus lors de l’enregistrement d’objets sonores en mode Direct, associés à un SpatStrument C24 ou à un autre SpatStrument pour en effectuer à la fois le traitement du son et la mise en forme spatiale


5. Exporter le mixage
Comme on vient de le voir, ce qu’envoient les pistes au Master doit être, d’une manière ou d’une autre, conforme au format choisi pour le mixage.
Dans ce cas il suffit dans la fenêtre d’exportation de Reaper de sélectionner le nombre de canaux correspondant (taper la valeur dans la boîte Channels).

Nous avons vu également dans l’article sur la configuration du projet que le Master pouvait héberger des plugins permettant d’effectuer la conversion du mixage vers un autre format spatial, un encodage en ambisonique ou une virtualisation en binaural.
Par exemple : un SpatStrument C24 pour la conversion dans un autre format "Open Channels", un Sparta Binauraliser pour la virtualisation binaurale et un IEM MultiEncoder pour l’encodage en ambisonique.
La méthode et les outils sont décrits dans l’article "Les conversions entre catégories".

Les plugins sont simplement placés à la suite sans nécessiter de routage particulier (ils utilisent l’ensemble des canaux qui ont été déterminés pour le Master), et ils sont activés en fonction du format d’exportation souhaité :
 aucun : l’exportation se fera selon le format de la création, par exemple en dôme sur 16 canaux
 SpatStrument C24 : conversion du format dôme vers un format cinéma comme le "7.1.4", l’exportation se fera sur 12 canaux
 Binauraliser : traitement HRTF selon la disposition des points du dôme, l’export est stéréo
 MultiEncoder : encodage selon la disposition angulaire des points du dôme si possible dans un ordre élevé afin de ne pas trop perdre de définition spatiale, 5 par exemple. Il faudra modifier le nombre de canaux du Master sur la valeur coorespondante (36 canaux pour l’ordre 5) et sélectionner ce même nombre pour l’exportation du fichier multicanal


Bon Mixage Fou avec les SpatStruments !